Diagnostiques

Qu’est-ce qu’un trouble de l’orgasme?

L’orgasme est une sensation de plaisir intense et transitoire accompagné de contractions involontaires de la musculature périnéale. L’orgasme s’accompagne généralement d’éjaculation pour un homme et de contractions utérines pour une femme. Parmi les troubles de l’orgasme (dysorgasmie), on distingue l’anorgasmie (absence d’orgasme). La dysorgasmie peut être primaire (depuis toujours) ou secondaire (après une période sans difficulté). Elle peut aussi être généralisée (dans toutes les situations) ou situationnelle (dans certaines situations).
Par exemple, quelqu’un qui parviendrait à l’orgasme dans la masturbation en solitaire mais n’aurait jamais eu d’orgasme avec un ou une partenaire, souffrirait ainsi d’anorgasmie situationnelle primaire.

Les troubles de l’orgasme sont-ils fréquents?

Alors que l’orgasme masculin n’a jamais vraiment suscité de controverses ni de débats particuliers, celui des femmes est l’objet d’une interrogation permanente depuis le milieu du 19e siècle.

Dans la dernière grande enquête sur la sexualité des Français, 7 % des femmes âgées de 18 à 69 ans disaient avoir connu souvent des difficultés d’orgasme au cours des 12 derniers mois, 29 % parfois, 29 % rarement et 35 % jamais. Si l’on ajoute les femmes ayant souvent ou parfois des difficultés d’orgasme, elles apparaissent relativement stables autour de 33 % entre 18 et 49 ans, puis augmentent à 41 % pour les 50-59 ans pour atteindre 50 % des 60-69 ans.

Dans cette enquête, les hommes n’avaient pas été interrogés sur ce point ; toutefois, 91 % des hommes (contre 76 % des femmes) disaient avoir eu un orgasme lors de leur dernier rapport sexuel. Des données similaires ont été présentées lors d’une étude américaine regroupant plus de 1749 femmes. Une femme souffrant d’un trouble de l’orgasme n’est donc pas seule!

Typiquement, comment se manifeste la dysorgasmie?

« Même lorsque les stimulations érotiques et sexuelles sont fortes et que le plaisir éprouvé est intense, on a l’impression de buter contre un plafond de verre et que le lâcher-prise est impossible. »

Parfois, on a l’impression que l’on approche du seuil orgasmique, mais des peurs inconscientes ou simplement des pensées négatives (« Je ne vais pas y arriver ») resurgissent et l’excitation redescend. Des images émotionnellement fortes peuvent également bloquer le lâcher-prise indispensable à l’orgasme (ex : réminiscence d’une agression ou d’abus sexuels, partenaire infidèle, etc.)

Parfois, les difficultés orgasmiques sont liées à un manque de stimulations sensorielles excitantes (ou à un excès de sensations désagréables, voire douloureuses). Certaines femmes répugnent à avoir une stimulation clitoridienne (par elle ou leur partenaire) lors de la relation sexuelle et ne parviennent pas à l’orgasme. Dans d’autres cas, c’est le manque de désir pour l’autre, ou l’impossibilité d’aller vers le type de sexualité qui nous conviendrait qui compliquent l‘excitation.

Enfin, les difficultés orgasmiques peuvent être liées à l’impression d’une obligation de performance entretenue par l’idée qu’un rapport sexuel doit forcément se conclure par un orgasme de chaque partenaire. Cette pression de performance, que l’on s’impose soi-même ou que l’autre nous impose induit une anxiété, qui peut nuire au plaisir sexuel.

Existe-t-il des types d’orgasmes chez la femme?

Les modèles actuels de conceptualisation de l’orgasme chez la femme semblent d’être en rupture avec la traditionnelle dualité entre orgasme vaginal et clitoridien, et nous orienter vers le concept plus large de celui d’une unité anatomophysiologique unique, constituée du clitoris, solidaire de la paroi antérieure du vagin au moment des mouvements de va et vient qui en permettent l’ampliation, par l’intermédiaire des ligaments qui s’y insèrent.

La présence de tissus pseudocaverneux érectiles à l’intérieur de la muqueuse de la paroi antérieure du vagin a pu être mise en évidence en 2002 chez 89% des femmes d’une série de 14 autopsies (et semble confirmer cette hypothèse. Aussi, iI ne faut pas négliger les aspects centraux (ex : système lymbique) ou hormonaux de l’orgasme (ex : hormone oxytocine), ainsi que d’autres zone hérogènes pouvant intervenir dans le déclenchement (ex : mamelons).

L’orgasme, quel qu’en soit son point de déclenchement, s’exprimerait donc par la participation simultanée de toutes ces structures.

Comment Dr Marois évalue le trouble de l’orgasme chez la femme?

À la base, il s’agit d’une bonne consultation et examen physique, en présence d’une infirmière. Plus précisément :

  • Questions portant sur la personne, son histoire, ses antécédents et ses conditions de santé associées.
  • Questions portant sur la situation de couple.
  • Questionnaires validés (ex : Female Sexual Function Index, échelle de satisfaction sur 10, etc.)
  • Repérer d’autres conditions pouvant contribuer au trouble (ex : lichen scléreux ou laxité vaginale).

Le premier but est de déterminer s’il s’agit d’un trouble primaire ou secondaire et s’il est généralisé ou acquis. Le deuxième but est de déterminer si la patiente peut bénéficier de traitements médicaux offerts à la clinique et/ou de proposer une thérapie comportementale ou de couple, si cela n’est pas encore entrepris.

Quels sont les traitements possibles?

L’excitation nécessaire pour atteindre le seuil orgasmique repose sur un tryptique : le corps, l’esprit et la relation. Il faut donc idéalement adresser ces trois dimensions.

Traitements conventionnels

  • La thérapie cognitivo-comportementale (favorise les changements d’attitude et de la pensée)
  • La réduction de l’anxiété (exercices comportementaux, tels que la masturbation dirigée)
  • L’éducation sexuelle
  • La thérapie de couple
  • Les exercices de Kegel

Traitements médicaux aux Cliniques Marois

  • Médication topique Zestra (récemment approuvé par Santé Canada)
  • Le plasma riche en plaquettes au clitoris (tissus érectiles)

  • Le plasma riche en plaquettes à la paroi antérieure du vagin (zone dense en terminaisons nerveuses)

Écrit par Vanessa Faro-Dussault et révisé par Dr Carlos Marois

Références :

Colson M.-H. L’orgasme des femmes, mythes, défis et controverses, Sexologies (2010) 19, 39-47

Ferguson, D. M., Hosmane, B., & Heiman, J. R. (2010). Randomized, placebo-controlled, double-blind, parallel design trial of the efficacy and safety of Zestra®     in women with mixed desire/interest/arousal/orgasm disorders. Journal of Sex & Marital Therapy, 36(1), 66-86.

Lewis R. et al. Definitions/Epidemiology/Risk factors for sexual dysfunction, J Sex Med 2010; 7: 1598-1607

Meston et al. Disorders of orgasm in women, J Sex Med 2004; 1: 66-68

Neto, J. O-Shot: Platelets Rich Plasma in Intimate Female Treatment Women’s Health Care 2017, 6:5
Rowland DL, Sullivan SL, Hevesi K, et al. Orgasmic Latency and Related Parameters in Women During Partnered and Masturbatory Sex. J Sex Med 2018;15:1463–1471.

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